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Les balcons et les rampes d'escalier de forme phallique

Essentiellement situés dans les centres historiques des villes, garde-corps de balcons et rampes d'appui d'escaliers en forme de phallus sont là, invisibles et pourtant offerts au regard de chacun. Ils semblent être apparus sous Louis XIII, et leur âge d'or a couru durant tout le Grand Siècle, comme à Paris, Nantes, Dieppe, Versailles ou Rennes. Plus d'un siècle après, le baron Haussmann, dans la capitale, leur redonnait toute leur vigueur. On en trouve parfois de très récents, érigés dans les années 1990 (43, avenue Raymond-Poincaré, Paris 16e), et même en 2019 à Monaco. Des obsédés, les architectes, ou simplement ingénus ? Coquins, les ferronniers d'art, ou tout bonnement tête-en-l'air ?

Une légende à oublier...

Une légende urbaine prétend qu'ils sont là pour signifier discrètement la présence d'une maison close. Voire. Architectes et ferronniers savaient-ils, au moment de l'érection du bâtiment, qu'un tel usage en serait fait ? Il est permis d'en douter ; du reste, les plus célèbres maisons closes (à Paris : Chez Alys, Aux Belles Poules, le Chabanais, Chez Christiane, la Maison Souquet, l'Hôtel Marigny, le One Two Two ou encore le Sphinx) en sont dépourvues. Mieux encore : de nombreux édifices religieux et des lieux de culte en sont dotés.

... des hypothèses à vérifier

Une hypothèse que l'on peut formuler : qu'ils aient une fonction apotropaïque, résurgence d'une croyance répandue dans la Rome antique, où d'innombrables amulettes et sculptures phalliques, sans connotation érotique, avaient la vertu d'éloigner le mauvais œil. ("On a remarqué [...] que l'obscénité avait un usage apotropaïque ; l'entrée des maisons romaines faisait la figue au mauvais sort en s'ornant d'un phallus", Paul Veyne, historien de l'Antiquité gréco-romaine, in «La Société romaine», éd. du Seuil, 1991, édition augmentée en 2001).

Autre hypothèse, dans la continuité de la précédente et tout aussi probable : après l'Antiquité, nul ne s'était avisé de l'aspect phallique de ces ferronneries. On parlerait alors d'une simple paréidolie, illusion d'optique par laquelle nous associons une forme connue (en l'occurrence, un phallus) à un élément neutre. Du reste, au XVIIIe siècle, Diderot et d'Alembert, dans leur Encyclopédie, mentionnent ce motif, sans aucune allusion sexuelle.

Si vous en savez davantage sur le sujet, n'hésitez pas à nous en faire part via la page Contact. Quoi qu'il en soit, il nous reste les yeux pour regarder, l'imagination pour nous enflammer, le sourire goguenard toujours en bandoulière.

À ce jour

Nous avons recensé 1543 balcons, escaliers et autres ferronneries d'art en forme de pénis en érection.

Outre Paris, où nous avons trouvé à ce jour 704 de ces motifs, voici dans l'ordre décroissant les villes de France où nous en avons recensé dix et plus : Nantes (57), Dieppe (37), Versailles (35), Le Mans (28), Rennes (24), Metz (22), Bourg-en-Bresse et La Rochelle (21), Le Plessis-Robinson (16), Agde et Tours (15), Aix-en-Provence (13), Dijon, Grenoble, Montpellier, Reims et Saint-Germain-en-Laye (12), Bordeaux, Chalon-sur-Saône et Troyes (11), Lyon, Pont-du Château et Riom (10).

Nos dix dernières acquisitions :

Ajaccio (2A), une adresse ; Bastia (2B), deux adresses.

Orléans (45), trois nouvelles adresses.

Clichy (92), quatre nouvelles adresses.

Bagnolet (93), une adresse.

Le Vésinet (78), une nouvelle adresse ; Saint-Germain-en-Laye (78), quatre nouvelles adresses, ce qui hisse la cité royale dans le Top des villes où nous avons recensé dix balcons et escaliers ou davantage.

Le Plessis-Robinson (92), seize adresses.

Villefranche-de-Rouergue (12), quatre adresses ; Figeac (46), une adresse ; Limogne-en-Quercy (46), une adresse. Merci à Lise.

Saint-Martin-de-Ré (17), une adresse ; Surgères (17), une adresse.

Le Mans (72), huit nouvelles adresses.

Châlons-en-Champagne (51), une adresse.

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Maintenant, rincez-vous l'œil autant que l'esprit,
et bonne promenade à toutes et à tous !